
Romain Pascal n'était sans doute pas destiné à réussir un jour comme plombier-chauffagiste. Aucun de ses deux parents ne travaillait dans ce domaine, "mais [il adorait] bricoler, participer aux travaux de mon beau-père qui, lui, était maçon", explique-t-il. Au collège, il abandonne la filière générale. "On m'a dit à l'époque que j'avais un niveau trop élevé pour me lancer dans un CAP. Un mode de pensée qui me rend fou ! Si c'est ce qu'on veut faire, pourquoi le niveau serait-il "trop élevé" ? Aujourd'hui encore, j'entends des jeunes qui me disent qu'on leur a fait la même réflexion", déplore-t-il.
Après son CAP, Romain Pascal reprend, en 2005, l'entreprise de son premier employeur, qui a assuré sa formation et son brevet professionnel en génie climatique. Chef d'entreprise à seulement 26 ans, il est bien décidé à faire profiter aux autres de son expérience. "Lorsque j'avais 15 ans, le premier artisan chez lequel j'aurais dû commencer m'a laissé tomber peu avant la rentrée. J'ai dû trouver une planche de salut en urgence, en consultant l'annuaire de ma région", se souvient-il. Une aventure qui a sans doute déterminé le soin avec lequel, au contraire, Romain Pascal traite désormais ceux qui sonnent à leur tour à sa porte...
Un vivier et une relation de confiance
Car dans son entreprise, on ne compte pas moins de 6 apprentis en plus des 7 salariés. Des collaborateurs qui eux-mêmes sont presque tous des anciens apprentis de Romain Pascal : " j'insiste sur le fait qu'on ne prend pas nos apprentis pour faire des économies, comme certains le croient. Car, au départ, leur formation me coûte beaucoup de temps", précise-t-il.
C'est ensuite que se ressent le bénéfice : "on sait avec qui on travaille, il y a des liens de confiance, et on a obtenu d'eux un savoir-être et un savoir-faire", se réjouit-il. Du coup, même les anciens apprentis qui, finalement, vont tenter leur chance ailleurs une fois formés, restent en contact. "C'est un vivier intéressant pour moi : je sais que je pourrai plus facilement recruter si j'en ai besoin, dans un métier où l'on trouve difficilement des ouvriers", avoue-t-il.
Les jeunes que Romain Pascal prend en apprentissage viennent d'horizons divers. "Le plus souvent, je les laisse venir : je crois en l'importance de la motivation d'un jeune qui vient vous démarcher de lui-même", estime l'artisan. Pour la plupart, ils sont formés en alternance au CFA de Chartres, ou parfois celui de Saint-Pierre-des-Corps pour la section carrelage et pose de salle de bains.
"Dès le départ, je les incite à remonter leur expérience, par exemple pour organiser l'ergonomie du poste de travail, donc éviter les blessures et les congés maladie", dévoile-t-il. Une technique managériale qui a valu à Romain Pascal plusieurs récompenses : le grand prix "Responsable Stars et métiers 2017", organisé par l'assemblée permanente des chambres des métiers et la Banque Populaire. Ou le prix "Jeune maître d'apprentissage 2016" du concours national du maître d'apprentissage. Et ses apprentis lui ressemblent : certains sont issus du concours de Meilleur Apprenti de France, ou des World Skills / Olympiades des métiers
Repères
Raison sociale : Romain Pascal
Activité : plombier, chauffagiste, pose de salles de bains
Localisation : Poisvilliers (Eure-et-Loir)
Reprise : 2005
Dirigeant : Romain Pascal, 40 ans
Effectif : 13 + 1 personnes
CA 2019 : 1,1 M€